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La Nouvelle Vague à la lettre

13 octobre 2021 . 9h00 15 octobre 2021 . 18h00

Organisateur :

LASLAR · David Vasse · Julie Wolkenstein

Lieu :

MRSH et IMEC

Que peut-on encore écrire sur la Nouvelle Vague ? Qu’ajouter à la somme de textes, d’ouvrages et de conférences consacrés à ce moment-phare de l’histoire du cinéma, une glose si abondante qu’on pourrait à la limite le considérer comme une affaire classée ? Quel intérêt à y revenir ? Qu’apporter de nouveau à la connaissance de la Nouvelle Vague ? Mal aimée, comme peuvent l’être les enfants trop gâtés (et c’est vrai qu’insolente elle a tout eu très vite), ou au contraire célébrée pour avoir été un tournant décisif dans l’histoire des récits, des formes et des techniques cinématographiques, la Nouvelle Vague vaut encore le détour, mérite qu’on se dise qu’on n’en aura jamais vraiment fini avec elle, tant elle continue d’irriguer une bonne part de l’inconscient cinématographique français. Qu’on se positionne contre son encombrante légende ou en référence à ce qu’elle a initié, aussi bien au niveau de la pensée critique que de la praxis, elle demeure un lieu inépuisable de débats et de réflexions dont la postérité permet entre autres de questionner un état contemporain du cinéma.

Ce projet de colloque se présente comme l’aboutissement d’un cycle de journées d’études organisé depuis 2014 par le LASLAR (groupe de recherche de l’UFR des Humanités et Sciences sociales de l’Université de Caen-Normandie, regroupant les Lettres, les Arts du spectacle et les Langues romanes) et consacré aux rapports extrêmement féconds que les grands noms de la Nouvelle Vague ont entretenus avec la (et les) lettre(s). Inscrit dans l’un des axes du LASLAR, intitulé « Ecritures de l’image », ce cycle se donnait pour enjeu scientifique de démontrer comment la Nouvelle Vague se faisait fort de renouveler l’articulation de l’écrit et de l’image, sur un plan à la fois littéral et dialectique, comment elle parvenait à traiter l’image et l’écrit à égalité, en en faisant des matières vivantes, à la fois complices et polémiques, riches ensemble de potentialités dramatiques, expressives et figuratives. Tout à la fois objet et esprit, la lettre joue un rôle décomplexé dans les procédures modernes de création cinématographique auxquelles on a vite identifié l’apport de la Nouvelle Vague. Ces journées d’études ont montré l’intérêt d’explorer cette dimension (aussi largement admise que peu étudiée) qui justifie pleinement ce colloque.

De 2014 à 2020, les cinq cinéastes majeurs de la Nouvelle Vague (Eric Rohmer, François Truffaut, Jacques Rivette, Claude Chabrol et Jean-Luc Godard) ont respectivement fait l’objet de plusieurs journées d’études, reposant sur trois axes principaux : leur production littéraire (essentiellement dans le domaine de la critique), la place concrète et physique de l’écrit dans l’espace narratif des films aussi bien que dans le traitement de l’image, et les questions d’adaptation littéraire, théorisées avant d’être appliquées par ces ex-critiques de cinéma à leurs écrivains fétiches. Pour chacun d’eux, il s’agissait d’analyser les différents états de la lettre, sa capacité à dicter les tours et détours d’un récit, à ourdir un jeu de dupes avec l’image, à vectoriser un mouvement romanesque ou bien à créer un suspense à partir des sombres tentatives de son déchiffrement. Dans les films de ces cinq-là, l’écrit fait signe, trembler ou pleurer. C’est d’avoir su les utiliser autrement que comme un gage de qualité culturelle que la Nouvelle Vague a manifesté son amour des lettres et pour la lettre. D’abord critiques (le poids des mots pour critiquer les images des autres), ces cinq grands représentants sont logiquement passés à l’action en prenant les mots comme moyen de développer un rapport critique à leurs propres images.

Bien entendu, ce colloque n’a pas pour but de reconduire exclusivement le programme de ces journées d’études, d’autant que celles-ci pouvaient excéder, sur la question de la lettre, le cadre historique de la Nouvelle Vague pour se rapporter à l’ensemble de l’œuvre de ces cinéastes. L’intérêt du colloque sera cette fois de se concentrer sur la période proprement dite (1956-1959 pour les prémisses, 1959-1963 pour l’éclosion) et d’ouvrir le champ à d’autres noms, d’autres films, d’autres plumes, d’autres acteurs, qui ont eux aussi fait la Nouvelle Vague, avant, pendant et après. Et qui ont également compris que la nouveauté du langage cinématographique ne devait pas s’abstraire des grandes aventures du langage écrit.

Programme La Nouvelle vague à la lettre