25 mars 2022
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9h00
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18h00
Le « Rape and Revenge », genre cinématographiquie apparu dans les années 1970 avec comme point de départ La dernière maison sur la gauche de Wes Craven, (The last House on the left, 1972), est survenu quasiment au même moment que le Vigilante Movie, qui a pour titre célèbre Un justicier dans la ville de Michael Winner (Death Wish 1974): en outre, il peut aussi apparaître comme un sous-genre du Redneck Movie, désignant des films qui mettent en scène, des arriérés ruraux du Sud des Etats-Unis, et dont le point de départ est parfois un viol, suivi par conséquent d’une vengeance.
L’appellation définit assez clairement ses constantes : une femme est violée, c’est la partie Rape du film, et, dans une 2ème partie (la Revenge), elle, (ou ses proches) se venge en en tuant les responsables. Loin de représenter le versant conservateur d’une Amérique en plein « Nouvel Hollywood » et considérée culturellement comme libertaire, ce genre interroge les fondements de la justice, tout autant que ceux de l’identité sexuelle des protagonistes.
Ses heures de gloire commerciale concernent un passé proche, car il a ensuite disparu des salles dans les années 1980 pour passer en direct-to-video avec un nombre très important de films réalisés (on peut trouver plusieurs dizaines de références sur Internet). Beaucoup de remakes des films des années 70 donnent lieu parfois à des séries de films et, récemment le genre semble refaire surface : Revenge 2018, de Coralie Fargeat ou encore Promissing Young Woman de Emerald 2021, sans parler de la série télévisée, I may destroy you de et avec Michaela Coen, diffusée en 2020 sur OCS.
Il a donné lieu à de nombreuses approches théoriques depuis les années 1970 : si la France l’a très peu étudié, à l’exception notable des sites spécialisés dans le cinéma de genre, des revues ou encore de certains rares ouvrages, les auteurs anglo-saxons qui ont proposé des réflexions riches sur lui sont majoritairement des auteures : Carol J ; Glover, Linda Williams, Alexandra Heller-Nicholas, Barbara Creed, Ce point est important mais pas unique : il témoigne, à l’heure où les Gender Studies sont implantées en France, que ce genre là a aussi été un objet culturel précieux dans la reconsidération des identités sexuelles. Mais il y a d’autres regards à lui porter.
- Approches liées à la poétique : la question des limites du genre
- Approches civilisationnistes et, particulièrement, celles issues des Cultural Studies : même si le colloque n’entend pas se limiter aux Etats-Unis, en quoi cette approche viscérale de la justice nous permet-elle de réfléchir à la manière dont l’Amérique représente, depuis toujours, cette question ?
- Approche socioculturelle et, particulièrement, celles des Gender Studies : de quelle manière le genre a contribué (et contribue) à déterminer des représentations sexuelles.
- Approches historiques : De quelle manière peut-on concevoir une exploitation du genre qui prend en compte sa réalité sur plusieurs décennies (notamment par rapport aux supports de diffusion)?
- Approche esthétique et/ou morale (au sens philosophique du terme) : en quoi ce genre nous interroge-t-il sur la valeur morale de l’art ?