Le séminaire Actualités de l’ancien : usages et réappropriations des « textes fondateurs » voudrait fédérer les chercheurs du LASLAR (et notamment, mais non exclusivement, ceux dont les recherches relèvent, du moins en partie, de l’axe 2) autour de la question des réécritures et des relectures d’ouvrages que l’on peut considérer comme des « textes fondateurs » d’une tradition littéraire. Cette appellation – qui s’est généralisée depuis son introduction dans les programmes scolaires (1996) – désigne les œuvres qui ont été consacrées par leur réception comme pouvant désigner/représenter l’origine ou le socle d’une culture, d’un courant artistique ou d’un genre.
Nous voudrions réfléchir aux différents usages de ces textes, à leur dimension intertextuelle, aux valeurs d’autorité ou de référence qui peuvent leur être accordées, à la représentation de l’histoire et de la culture qu’ils permettent de dessiner, en même temps qu’aux interrogations, aux renouvellements ou aux remises en question qu’ils peuvent susciter.
Comment un texte se trouve-t-il défini comme « fondateur » – et peut-on parler d’une catégorie générique ? Comment cette dimension exemplaire et les valeurs d’autorité qui lui sont associées se trouvent-elles réinterprétées et renégociées à travers les différentes strates et les différentes formes de leur réception ? En quoi ces usages relèvent-ils de la construction et de la transmission d’un « socle » ou d’une culture commune ? Quel rôle jouent les institutions ou les cadres qui valident ou consacrent ces œuvres et ces discours sur les « textes fondateurs » (école, université, critique, monde littéraire et artistique, cercles d’amateurs, voire partis politiques ou circuits médiatiques…) ? Une telle réflexion devrait permettre de s’interroger sur les rapports entre « textes fondateurs » et construction politique d’une culture (Dante et l’Italie, Homère et la Grèce…), mais aussi sur la possibilité de leur déterritorialisation, et de leur circulation. Comment les transferts auxquels les réappropriations de ces textes ont pu donner lieu dans l’histoire contribuent-ils à en reconfigurer les significations ? Comment la comparaison des « textes fondateurs » de différentes cultures, et la mise en parallèle de leurs usages et des formes de leurs réappropriations, peut-elle ouvrir sur une réinterprétation des traditions ?