Nous sommes ravies de vous partager cet article de Faïza Zerouala pour Médiapart paru le 13 avril 2023, dont voici quelques extraits :
« En soixante-trois portraits de femmes et petites filles, la militante féministe démontre l’ordinaire des violences sexistes et sexuelles. Les chapitres thématisés – « Mauvais traitements, sévices, meurtres », « L’inceste » ou encore « Viol collectif, viol solitaire, pédophilie » – montrent l’ampleur du problème. Dix ans avant que le concept ne soit théorisé par Liz Kelly, Leïla Sebbar touche du doigt ce « continuum des violences ». »
« Encore aujourd’hui, Leïla Sebbar explique à Mediapart assumer ce choix d’une écriture très frontale, très détaillée. Elle veut interpeller. Et il est aussi hors de question pour elle d’offrir une quelconque tranquillité aux bourreaux. « Pourquoi les édulcorer ? Parce que si on est en face et si on pense qu’il faut faire connaître ces violences, il faut les dénoncer sans fausse pudeur », dit-elle. »
« Mais c’est aussi la reproduction des violences génération après génération qui interpelle l’autrice : « Ça signifie qu’on ne guérit pas de ces maltraitances et de ces traumatismes. Ça revient, même si on veut l’oublier, et ça se reproduit, ça m’a beaucoup frappée. » »
« Leïla Sebbar considère aujourd’hui « qu’il faut poursuivre la révolte ». Le mouvement #MeToo est le meilleur outil pour le faire à ses yeux. Il a permis de réelles avancées, sur le harcèlement notamment, « il y a une tolérance qui n’est plus de mise ». « Pour moi, #MeToo est révolutionnaire car les femmes ne renoncent pas à dénoncer, elles n’ont pas peur de faire ce geste-là, ajoute-t-elle. Au moment du MLF et des débuts du féminisme, on n’a pas osé faire ça alors que ça veut dire quelque chose. C’est dire que l’agresseur doit prendre conscience du fait qu’il est criminel. »